Le monde du transport de proximité, dit Transport-Express, en France est en constante évolution. Les volumes sont particulièrement impressionnants : Plus d’un milliard d’envois, selon une étude Xerfi, et on estime la croissance du marché du colis léger à environ 6% par an, dopée par l’essor du e-commerce,
Les enjeux sont tels que tous les acteurs de ce marché cherchent à élargir l’éventail de des services proposés, améliorer la qualité de leurs prestations et optimiser les tarifs associés. Leur objectif est surtout de fidéliser leurs clients en attente notamment de délais plus rapides et de livraisons plus fiables. Mais il est difficile de rentabiliser ces services tout en fidélisant les clients.
Une très grande attention est apportée sur la dernière portion du transport de colis à domicile, le fameux « dernier kilomètre ». Particulièrement complexe et couteux, celui-ci n’est pas obligatoirement effectué par les grands acteurs du secteur : FedeX, TNT Express, Jet Service, DHL Express, UPS , GLS, Colissimo ou Chronopost.
Nécessitant peu de formation (un simple permis B) et une faible mise de fonds initiale, le transport express de colis a vu apparaître de nombreux et petits acteurs, particulièrement réactifs, disposant de véhicules très légers et maniables, les fameux « Véhicules Utilitaires Légers – VUL », particulièrement adaptés au transport urbains et à la livraison express de petit colis.
Ces « Véhicules Utilitaires Légers – VUL » regroupent tout type de véhicule permettant un transport de colis légers : PTAC<3,5t (Poids Total Autorisé en Charge) : Deux-roues, SUV utilitaires, camionnettes, fourgonnettes, fourgon, … La multiplication de ces véhicules est la parfaite réponse à la demande du marché et à la multiplication des différents types de livraison express.
Ce marché reste difficile à appréhender tant la multiplicité de ces petits acteurs est élevée. Après une période de développement anarchique, des réformes ont permis d’organiser et assainir le secteur de la messagerie express, avec en particulier l’obligation de s’inscrire au registre des transporteurs, histoire d’acquérir un certificat d’existence et remplir un certain nombres de critères (capacité professionnelle à opérer en transport routier, garanties financières, assurances, siège social en France,…) permettant de garantir une certaine pérennité de ces « petits transporteurs », vis à vis des donneurs d’ordres.
Intervenant la plupart du temps en sous-traitance des grands acteurs du secteur (DHL Express, FeDex, UPS, …), ces derniers leur ont imposé des conditions contractuelles strictes et permis une certaine normalisation de cette activité, même si elle s’est faite au détriment des conditions de travail des plus petits.
Les livreurs sont soumis à des cadences de livraison souvent intenables, pour le plus grand désagrément du destinataire. Qui n’a pas connu la mésaventure du colis urgent et important à recevoir chez soi avec ce fameux SMS du livreur « Personne absente, veuillez reprendre rendez-vous pour une nouvelle livraison » ? Message particulièrement frustrant en période des fêtes. Comment installer sous le sapin un avis de passage en lieu et place du colis qui aurait du être offert.
Les grands acteurs se sont efforcés d’améliorer les services proposés : prise de rendez-vous sur des tranches par demi-heure, développement de réseau de relais-colis avec développement « d’appli » permettant un choix personnalisé du point de livraison, ou encore d’autres appli permettant l’optimisation des tournées en vue de les raccourcir et de les fiabiliser.
Cela doit cependant être tempéré par les conditions draconiennes imposées aux sous-traitants de livraison du dernier kilomètre : cadences élevées, nombre de colis imposés par tranche horaire difficile à respecter.
Grace à internet, des nouveaux entrants du marché du transport express proposent des services d’une extrême souplesse dans les créneaux de livraison (Mister Pasha à Paris par exemple) : livraisons à domicile sur un créneau d’une heure, le soir ou à des heures correspondant aux modes de vie des clients (entre 18h et minuit, avant 9h, le week-end…). Cette souplesse reste encore réservée aux grands centres urbains.
Les grands acteurs ont porté un effort important bien en amont du « dernier kilomètre » : Développement de plateformes de plus en plus importantes, centres de distribution, véritables Hub ou usine à colis relayées par des agences de livraison à l’exemple de l’organisation d’Amazon Logistics associée avec une multitude de partenaires du transport express.
Capables de trier plus de 37000 colis à l’heure, les usines à colis sont dimensionnées pour absorber la croissance de l’activité, elle-même dopée par la croissance du e-commerce.
Seuls les grands acteurs sont à même d’effectuer de tels investissements particulièrement couteux : modernisation, agrandissement des surfaces, robots de stockage, trans-stockage et préparation de livraison, logiciel d’optimisation des tournées et de chargement des véhicules de livraison, logiciel de suivi (GPS) des colis en incluant la phase de livraison effective. Le corolaire est probablement et inévitablement une augmentation des tarifs établis par les opérateurs du transport, à moins que les services payants supplémentaires permettent de compenser de tels investissements.
Un de ces principaux services à forte valeur ajoutée est le stockage, le traitement des commandes, la mise en colis et l’expédition pour le compte de tiers donneurs d’ordre. Amazon est un des grands spécialistes du concept.
Dans l’entrepôt d’Amazon à Bretigny sur Orge, 4000 robots navettes autonomes déplacent directement les étagères disposées sur les 152 000 M2 organisés sur trois niveaux, pour les apporter aux opérateurs (humains) qui ne se déplacent plus.
A pleine capacité, la plate-forme stocke en permanence plus de 20 millions de colis et sera capable de traiter plus de 500 000 colis en une seule journée. Les conséquences sur le temps de traitement d’une commande sont impressionnantes : Celui-ci est passé de 40mn en moyenne entre la réception de la commande à l’expédition à 18mn pour la plus grande satisfaction du destinataire.
Malgré les investissements significatifs des grosses structures du transport express, les petits acteurs de proximité avec leur VUL ont pour longtemps encore un grand rôle à remplir malgré les fortes conditions qui leur sont imposées.
A quand la mise en place du transport express par véhicules autonomes et électriques assistés de robots permettant des livraisons à domicile le soir ou le week-end le tout sans heures supplémentaires pour le livreur-robot, ni nuisances sonores pour les clients, sans parler des impacts positifs sur la transition climatique ?